De retour pour notre dernier film hors cycle, nous vous proposons le premier film de Nadine Labaki, Caramel.
Rendez-vous le mercredi 29 février, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Caramel de Nadine Labaki
Et c'est promis, bientôt de retour avec nos synopsis faits maison !
A Beyrouth, cinq femmes se croisent régulièrement dans un institut de
beauté, microcosme coloré où plusieurs générations se rencontrent, se
parlent et se confient. Layale est la maîtresse d'un homme marié. Elle espère encore qu'il va quitter sa femme. Nisrine est musulmane et va bientôt se marier. Mais elle n'est plus vierge et s'inquiète de la réaction de son fiancé. Rima est tourmentée par son attirance pour les femmes, en particulier cette cliente qui revient souvent se faire coiffer. Jamale est obsédée par son âge et son physique. Rose a sacrifié sa vie pour s'occuper de sa soeur âgée. Au salon, les hommes, le sexe et la maternité sont au coeur de leurs conversations intimes et libérées.
Bande annonce de Bye Bye Blondie, de Virginie Despentes
Pour cette soirée en partenariat avec l'Hômonerie, le ciné-club vous présente sur une proposition de HNT/Hômonerie le dernier film de Virginie Despentes, Bye bye Blondie, en avant-première. La projection sera suivie d'un débat organisé par les membres de l'Hômonerie, en présence de la réalisatrice du film. Nous vous attendons pour cette soirée spéciale !
Rendez-vous le mercredi 17 février, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Bye Bye Blondie
de Virginie Despentes
En présence de Virginie Despentes
Gloria et Frances se sont rencontrées dans les années 80. Elles se sont aimées comme on s'aime à seize ans : drogue, sexe et rock&roll. Puis la vie les a séparées, et elles ont pris des chemins très différents. Vingt ans après, Frances revient chercher Gloria...
Cette semaine, nous vous proposons une rencontre avec le réalisateur italien — encore méconnu en France mais incontournable dans son pays — Mario Martone et le légendaire chef opérateur Renato Berta — il a travaillé entre autres avec Godard, Chéreau, Téchiné, Rivette, Rohmer, Malle, Resnais, Oliveira, Gitai, Chabrol ou Guédiguia — autour de leur dernière collaboration: le film Noi Credevamo, inédit en France, faute d'y avoir trouvé un distributeur. A noter que la durée du film et l'intervention qui suivra nous imposent de commencer la diffusion exceptionnellement à 19h.
Le Risorgimento est un grand thème du cinéma italien : les dynamiques qui
ont conduit à l'Unité, les idéaux et les faits sur lesquels elle repose
ont créé une certaine forme, un genre qui tient à la fois de la fresque
historique et de la symphonie opératique. Le cinquième long-métrage de
Mario Martone renoue avec cette grande forme du cinéma italien en alliant
à une reconstitution historique très précise une narration qui se déploie
sur quatre épisodes. Cette structure d'ensemble est reliée par le destin
de trois garçons originaires du sud de l'Italie (la région du Cilento).
Salvatore, Domenico et Angelo s'engagent ensemble dans le mouvement
républicain de Mazzini : leurs parcours vont alors se séparer, et leur
amitié se déchirer au rythme des événements tragiques qui secouent la
nation.
Rendez-vous le vendredi 17 février, à 19h
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Noi Credevamo
de Mario Martone
En présence de Mario Martone et Renato Berta
Séance animée par Pierre Musitelli (ENS, Département littérature et langage) et Gilles Pécout (ENS, Département d'histoire)
Ajout du 18/02/2012
Merci à tout le public venu nous rejoindre pour ce bel événement : grâce à vous, et pour la première fois de l'année, nous avons fait salle pleine ! Vous trouverez ci-dessous quelques clichés en souvenir de cette soirée — cliquez sur les photographies pour les agrandir.
Nous remercions particulièrement, outre les participants et les intervenants : les techniciens de l'ENS qui sont toujours là pour nous aider pendant la projection ; l'antenne graphique de l'ENS qui nous a fourni une belle affiche pour une dédicace de Mario Martone et Renato Berta ; bien sûr, toute l'équipe du ciné-club et en particulier Mélodie, à l'origine du projet.
Nous avons été très heureux de vous accueillir si nombreux pour Blue Velvet la semaine dernière. Pour terminer en beauté ce cycle consacré au rêve, nous vous proposons un film envoûtant d'Andreï Tarkovski : Stalker, sorti en salles en 1979. Nous espérons vous voir nombreux pour ce grand réalisateur, malgré la semaine de césure ! Pour résumer :
Rendez-vous le mercredi 08 février, à 20h30
en salle Dussane, au 45 rue d'Ulm
pour
Stalker
d'Andreï Tarkovski
Tarkovski,
mode d'emploi
Le
rêve au cinéma n'est jamais aussi bien traité que lorsqu'il
devient rêve en cinéma, c'est-à-dire quand le cinéma n'est
plus traité comme simple support d'un discours sur le rêve mais
envisagé, à partir des moyens qui lui sont propres, comme la
matière même du rêve.
Notre
cycle s'est proposé d'examiner les différents liens entre rêve et
cinéma en passant d'abord par l'exploration du fonctionnement
psychique des rêves (Paprika) pour s'aventurer ensuite dans
les dédales lynchéens du cauchemar qui renverse le familier en
inquiétante étrangeté (Blue Velvet). Le parcours s'achève
ce soir avec un film-rêve : Stalker ne traite
pas du rêve ; Tarkovski ne cherche aucunement à révéler au
spectateur les mécanismes de l'esprit au repos et ne prétend pas
non plus délivrer une vérité sur le réel en passant par son
autre, l'imaginaire. Stalker est d'abord et avant tout une
matière onirique. D'aucuns chercheront un sens allégorique dans le
parcours initiatique des trois protagonistes avançant péniblement
dans la « Zone », à la recherche d'une chambre
miraculeuse en mesure de réaliser les désirs de ceux qui y
pénètrent. De multiples interprétations sont effectivement
possibles, recevables même jusqu'à un certain point. Mais toujours
insuffisantes ou réductrices, elles ne pourront rendre justice à un
cinéma qui ne se cherche jamais à se présenter comme une énigme à
déchiffrer. Il n'y a rien à comprendre dans le cinéma de
Tarkovski : ne cherchez pas la signification qui vous
permettrait de déceler les secrets de la Zone comme on résoudrait
un problème dont seule la solution importe. Il n'y a pas de clés
magiques dans Stalker. Rien de tel chez Tarkovski : ni
problèmes, ni solutions ni clés ; seules existent les
sensations. Stalker est un film-rêve car il fait taire, pour
un temps -le temps que dure le film- les facultés raisonneuses et
raisonnables. Regardez, écoutez et éprouvez.
Il
est des lieux où souffle l'esprit
Stalker,
comme Solaris, emprunte certaines de ses caractéristiques au
film de science-fiction. Mais la science-fiction chez Tarkovski est
toujours très vite abandonnée et reléguée au rang de prétexte.
L'intérêt de ses films ne réside pas dans leur inscription
générique, il ne s'agit là que d'un détour pour tenter d'exprimer
l'inexprimable ; de trouver un moyen approprié pour donner à
voir ce qui est invisible à l'œil nu : l'intériorité.
Stalker est travaillé par la question du désir, de l'espoir
et de la croyance. Non seulement la chambre des désirs, mais toute
la Zone n'existe qu'en tant qu'elle est habitée par des hommes
pensants et désirants. Ces lieux sont à l'image de ceux qui les
pénètrent ; ils sont littéralement informes puisqu'ils se
métamorphosent selon lespersonnalités
de ceux qui les traversent, comme des projections externes de désirs
intérieurs. La Zone dresse ainsi une topographie des âmes qui la
parcourent : elle se fait manifestation objective de ce qui est
le plus intimement subjectif. A ces espaces fluctuants s'oppose le
quotidien concentrationnaire régis par des lois scientifiques et
immuables. Toute spiritualité s'est échappée de ce monde aux
couleurs délavées et aux teintes sépias. Le stalker est un rêveur
plein d'espoir, un passeur de monde : il entraîne et guide ses
deux compagnons -le scientifique et l'écrivain qui appartiennent à
l'univers triste et pauvre du présent techniciste- dans un monde
coloré et dangereux, l'espace du sacré. On ne pénètre pas
impunément dans la Zone : les repères spatiaux n'existent
plus, et le chemin le plus direct n'est pas toujours le plus court.
C'est alors que commencent les arabesques tarkovskiennes et leurs
cortèges de déplacements immobiles. S'il y a des règles à
respecter dans cette zone sacrée, un comportement digne à avoir, il
y a aussi des points de non-retour vers lesquels on rebrousse
pourtant chemin et des marches arrières qui sont des pas en avant :
la logique et la géométrie euclidiennes n'ont pas cours dans ce
lieu à la géographie instable. C'est donc par sauts progressifs
(les lancers d'écrous) que l'on s'aventure sur cette terre mouvante
qui n'est autre qu'un espace mental, un lieu préservé au sein
duquel les signes du sacré n'ont pas complètement disparu.
Sculpter
le temps
La
plongée dans la sensation qu'opère Stalker fait pénétrer
le spectateur dans une temporalité qui n'existe pas dans le
quotidien prosaïque : le temps que les trois protagonistes
passent dans la Zone ainsi que celui de la projection
s'affranchissent du temps mesurable
et quantifiable des horloges. Avant d'être un film, Satlker
peut être défini comme une expérience de cinéma : le montage
classique qui organise habituellement les repères spatio-temporels
du spectateurs est nié dans son principe même. Tarkovski prend son
temps : il ralentit la durée des plans, exacerbe leur longueur
et repousse autant que possible le moment fatidique du cut. Le
spectateur est invité à partager la lenteur du plan, à adopter le
rythme de cette géographie mentale et appelé à modeler lui-même
la matière proposée, matière onirique s'il en est.
Ce
film-rêve est aussi la matérialisation d'un désir de fusion :
fusion de la temporalité en durée, aplatissement de l'image en
icône (le plan en plongée sur la piscine de la chambre des
désirs). L'emblème de la fusion chez Tarkovski est la glaise,
mélange de terre et d'eau, image obsessionnelle qui permet
d'organiser la composition des plans. Les paysages marécageux qui
hantent l'imaginaire tarkovskien sont des miroirs troubles qui
renvoient aux hommes leurs véritables désirs, les mettant face à
leur condition. Les trois personnages doivent s'humilier au sens
propre du terme, c'est-à-dire ne faire plus qu'un avec la terre
pour avancer dans la Zone. Comme la glaise, le temps et son corrélat
spatial se modèlent, se sculptent : l'humain y laisse son
empreinte.
Austère
et pessimiste quant à la possibilité de redonner au monde moderne
une spiritualité désormais dissoute dans le scientisme technocrate
(le stalker à la foi inébranlable finit par désespérer), Stalker
s'achève cependant sur une
nuance d'espoir. Le miracle du dernier plan, opéré par l'enfant
-seul être dont la foi perdure- réaffirme la force de l'esprit,
capable de dompter la matière.